Le musée se dote d’un plan de sauvegarde des biens culturels

Que faire quand un incendie se déclare dans un lieu contenant des richesses patrimoniales ? C’est à cette question, devenue incontournable depuis l’embrasement de Notre-Dame, que répond le plan de sauvegarde des biens culturels. Le Musée de La Poste a désormais le sien. Trois questions à Line Munoz, responsable de la régie des œuvres d’art.

13/07/2023

Pourquoi un plan de sauvegarde des biens culturels ?

C’est une demande formulée par le ministère de la Culture en 2016, et comme nous sommes « Musée de France », nous devons lui apporter une réponse.

Jusqu’ici, il n’y avait pas de méthode officielle pour réaliser un plan de sauvegarde des biens culturels (PSBC), mais l’incendie de Notre-Dame en 2019 a réactivé le sujet. Le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a publié en octobre 2021 un manuel qui comble ce manque ainsi que plusieurs outils pratiques consultables sur cette page web.

La première étape, avant de s’interroger sur ce qu’il faut faire en cas de sinistres, c’est d’identifier les risques auxquels le musée est le plus exposé. Le Musée de La Poste est situé dans une zone non inondable et à très faible risque sismique, la première cause possible de sinistre est donc l’incendie. Sachant que l’électricité en est la première cause, nos réserves, qui contiennent des collections à haut potentiel calorifique, ne comportent par exemple aucune prise électrique. Cela fait partie des mesures de prévention des risques qui ont été prises lors de la récente rénovation du bâtiment.

Le plan de sauvegarde des biens culturels intervient quand le risque le plus probable, l’incendie, s’est concrétisé malgré l’ensemble de ces mesures de prévention : comment protéger les objets et les œuvres du musée après que les personnels ont été évacués ?

 

 

C’est donc un document qui est destiné aux pompiers ?

Tout à fait. C’est en travaillant sur le sujet avec les services de secours, les pompiers, que nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas le même langage, d’où la nécessité de faire un document immédiatement accessible, aisément compréhensible en situation d’urgence.

En cas de sinistre, le plan de sauvegarde des biens culturels est remis au commandant des opérations de secours. C’est lui qui organise l’intervention des pompiers et peut mobiliser des ressources externes en fonction des besoins : renforts humains, mais aussi fourgons de matériel adapté à la préservation des œuvres et objets.

Le plan de sauvegarde des biens culturels indique aux pompiers où se situent les objets à protéger en priorité, comment les décrocher et où les mettre à l’abri. Leur mission est avant tout d’évacuer les personnes et de maîtriser l’incendie. Ils peuvent aussi, dans les zones déjà sécurisées, extraire ou couvrir les objets pour les préserver de la suie ou des ruissellements d’eau.

Pour faciliter la tâche des pompiers, nous avons placé des kits de protection des objets à chaque étage du musée, et parce que ceux-ci interviennent le plus souvent de nuit, sans autre éclairage que leurs torches, nous envisageons d’ajouter des stickers réfléchissants « Bouclier bleu* » près des objets à protéger prioritairement. Nous travaillons avec les pompiers pour voir comment nous pourrions encore accélérer la mise à l’abri des œuvres et objets du musée, avec par exemple des bâches qu’il suffirait de faire tomber pour les protéger.

 

 


* Le Bouclier bleu est un organisme qui travaille à la protection du patrimoine culturel en cas de guerre ou de catastrophe naturelle.

En 2018, seuls 17% des musées disposaient d’un PSBC opérationnel.

Jusqu’à présent, combien de musées ont mis en place un PSBC ?

En 2018, seulement 17% des musées disposaient d’un PSBC opérationnel (sources). Pour l’instant, l’obligation d’avoir un plan de sauvegarde des biens culturels n’est pas sanctionnée en cas de manquement, mais certains assureurs le demandent. Pour les prêteurs, qui ne se placent pas forcément dans la perspective d’un sinistre, le document de référence reste le « facility report », qui détaille les conditions de transport, de conservation et de protection des objets qu’ils nous prêtent, mais certains commencent à nous demander si nous disposons d’un PSBC.